WEBridge Magazine n° 04
Articles " Libres propos "

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 Petites et grandes hésitations en flanc

par David Harari

 

Je me permets ce mois-ci d'aborder un sujet quelque peu délicat : l'éthique à respecter lorsqu'on est en défense.

Tout d'abord, un préliminaire important : cet article ne se veut pas moralisateur. Personne (et certainement pas moi) ne peut prétendre n'avoir jamais (même involontairement) enfreint l'éthique du bridge dans le feu de l'action, tant il est humain d'être influencé par ce qui "se passe à la table".

Mon propos est plutôt d'examiner quelques situations courantes, dans lesquelles le code n'est d'aucun secours à un déclarant qui s'estime lésé par un comportement peu sportif de ses adversaires. Ceci afin que l'immense majorité des joueurs (ceux qui ne cherchent pas à trichoter) veille à éliminer au maximum ces comportements.

Il va de soi aussi que ce petit billet s'adresse surtout aux joueurs expérimentés : quand on débute, il est normal de ne pas se rendre compte qu'on a bénéficié d'une information illicite.

 

EXEMPLE 1 : Singleton et doubleton.

 

Votre partenaire entame d'un as contre un chelem à la couleur. Vous avez le 9 sec. Formidable, vous allez couper le 2e tour...à condition que votre partenaire en rejoue ! Soyez gentil, ne jetez pas votre singleton à la vitesse de l'éclair avant même que le déclarant ait appelé la carte du mort. Ne préparez-pas votre carte ; bref, fournissez le 9 à la même vitesse que si vous aviez 9-2 doubleton.

Le problème, c'est qu'en général rejouer de la couleur est le seul flanc qui a une chance raisonnable de battre ; donc, si le déclarant appelle l'arbitre (après une fourniture trop rapide), celui-ci sera obligé de maintenir le coup.

Pourtant, le risque de filature est passé de faible (disons une chance sur 4 ou 5, suivant le niveau du joueur, la séquence d'enchères etc.) à nul, et sur le long terme cela peut faire une sacrée différence. MEME LES MEILLEURS JOUEURS font parfois des fautes sur des coups faciles !

 

 

EXEMPLE 2 : Compte et préférence.

 

Vous avez décidé, comme beaucoup de joueurs de fournir la 2e plus forte dans 4 cartes, par exemple le 7 avec 8753. Tres bonne convention, je pense.Mais, qui impose une discipline stricte : pas d'hésitation sur la deuxième carte ; tant pis, si vous n'avez pas eu le temps de réfléchir à la couleur dans laquelle vous voulez faire un appel de préférence, le partenaire ne doit pas bénéficier du renseignement illicite que vous n'êtes pas doubleton.

Là encore, il pourra souvent le déduire des enchères et du reste du coup, mais une paire qui ne se trompe jamais (grâce à la petite hésitation) dans ce genre de situations a un AVANTAGE INDU.

 

EXEMPLE 3 : Quand on veut réveiller le partenaire.

 

Certaines conventions de flanc donnent des renseignements très précis : défausses italiennes, appel de Smith... Seulement voilà : il est facile de confondre l'appel de Smith avec le pair-impair, ou de ne pas avoir de carte de la bonne parité pour faire un appel italien. Là encore, une hésitation abusive en fournissant ou en défaussant, même si elle est involontaire, réveille le partenaire et diminue considérablement le risque d'erreur.

Je pense donc que ce type de conventions devrait être réservé aux épreuves de haut niveau, et qu'on doit accepter, si on les pratique, de se tromper de temps en temps plutôt que d'avoir recours à des RUPTURES DE TEMPO REVELATRICES.

 

 CONCLUSION

Quelle est la conclusion de tout cela ? Il n'est jamais interdit de réfléchir au bridge, et on ne peut pas demander à un joueur de flanc de se suicider quand le bon flanc (trouvable) est seulement facilité par la réflexion du partenaire ; mais, répertorier quelques situations améliore l'éthique du jeu.

Et surtout, si le flanc n'était pas évident (mais l'est devenu après l'hésitation du partenaire), il n'est pas interdit de filer le coup en considérant que sur cette donne, le partenaire a commis une erreur en réfléchissant trop, erreur que la paire doit payer au même titre qu'une renonce ou un lâcher de carte.

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